Nos intérieurs, sans que nous nous en rendions compte, sont pleins de substances toxiques qui sont souvent dangereuses pour notre santé et celle de nos proches. Nous avons demandé à Carlos de Prada, responsable de la campagne Maison non toxique de la Fondation espagnole Vivo Sano (je vis sainement), de nous donner des conseils pour une maison plus saine.
Quels sont les objectifs de votre fondation?
Hogar sin tóxicos (Maison non toxique) est une campagne dont l’objectif est de réduire l’exposition humaine à une série de polluants que des milliers d’études scientifiques associent à des problème de santé (asthme, allergies, cancers, infertilité). Nous mettons particulièrement l’accent sur la maison, qui est un espace clé, car dans nos cultures occidentales, nous passons plus de 90% de notre temps dans des espaces fermés et en particulier dans nos maisons. C’est au sein de ces dernières que nous sommes exposées, par inhalation, ingestion ou absorption cutanée, à mille et une substances polluantes qui peuvent se trouver dans les désodorisants d’intérieur, les pesticides domestiques, les peintures, les plastiques, les produits d’entretien… Ces substances à des niveaux très faibles de concentration peuvent avoir un impact en particulier sur les femmes enceintes et les enfants en bas âge. Nous souhaitons que s’implique le principe de « mieux vaut prévenir que guérir », sachant que de nombreuses maladies sont aujourd’hui dues à des facteurs environnementaux. Nous identifions et informons sur les différents types de toxiques que nous pouvons trouver dans nos intérieurs, sur les produits qui les contiennent, sur les effets qu’ils peuvent avoir et sur les alternatives qui existent pour les éliminer ou les réduire. Nous le faisons à travers notre site internet hogarsintoxicos.org (en anglais), des livres, des ateliers, des conférences… Et nous développons des campagnes spécifiques pour faire interdire certaines substances.
Quels sont les toxiques que nous retrouvons le plus fréquemment dans nos maisons? Comment les éviter?
Il est difficile de parler seulement de quelques substances, car nous pouvons trouver des milliers de substances problématiques dans nos maisons. Il faut être conscient que notre environnement chimique est très différent de celui dans lequel vivaient nos grands-parents. En 2007, 143.000 substances chimiques synthétiques ont été préenregistrées auprès de L’Agence Chimique Européenne (ECHA, European Chemicals Agency) parmi lesquelles beaucoup sont utilisées pour la fabrication de produits qui sont présents dans nos intérieurs. Et même si on a encore peu étudié les effets qu’elles peuvent avoir, on sait déjà que des centaines d’entre elles peuvent être néfastes. Nous pouvons par exemple nous arrêter sur certains groupes de substances qui préoccupent particulièrement les scientifiques comme le bisphénol A, certains phtalates, les retardateurs de flammes, les pesticides domestiques ou certains composants des parfums d’intérieur ou des produits d’entretien. Sur notre site internet, nous proposons des conseils concrets et simples qui permettent de réduire de façon significative la présence de polluants chimiques dans notre environnement. Il existe, par exemple, des produits de nettoyage, qui sont garantis sans certaines substances. On peut aussi nettoyer nos maisons avec du vinaigre, du citron et du bicarbonate de soude. Il existe aussi des peintures écologiques à base d’huiles végétales, et des moyens de parfumer notre intérieur sans avoir recours à certains produits chimiques… Bref, les alternatives sont multiples.
Est-il possible de vivre dans une maison 100% non polluée, en particulier dans les grandes villes?
100% saine et pure, c’est compliqué. Mais toute réduction de l’exposition à des polluants chimiques réduit à son tour le risque d’une série de problèmes de santé. Il est tout à fait possible de réduire sensiblement la présence de nombreux toxiques dans nos maisons et donc notre exposition à ces derniers.
Sur un plan personnel nous pouvons agir de façon concrète, mais globalement, quel est le principal problème de santé auquel nous sommes confrontés?
Il est difficile de dire quel est le principal problème de santé lié aux facteurs environnementaux comme les produits chimiques. Mais il est clair que l’un d’entre eux, dans une plus ou moins large mesure, est le cancer. Il y a peu, l’Organisation Mondiale de la Santé déclarait que l’incidence du cancer allait augmenter de 70% dans les prochaines années. La tendance a été la même au cours des dernières décénnies. Et il est clair que, tant pour le cancer que pour les autres maladies, la prévention n’est pas suffisante, en particulier en ce qui concerne la réduction de notre exposition à la pollution chimique. C’est ce que dit par exemple le panel Présidentiel du Cancer des États-unis. On pourrait en dire de même des problèmes de santé comme les allergies, l’infertilité ou des troubles neurologiques infantiles etc.
Qui est Carlos de Prada?
- Journaliste spécialisé dans l’écologie. Expert en questions environnementales.
- Prix Global 500 de l’ Organisation des Nations Unies (2000) et Prix National de l’environnemnet (1997), parmi d’autres.
- Responsable de la campagne Maison sans toxiques de la Fondation Vivo Sano.